Les Egyptiens d’Europe sont conscients de la valeur de la patrie

Dr Nesrine Choucri Dimanche 02 Septembre 2018-20:56:22 Dossier
Le secrétaire général de la Coalition des Egyptiens à l’étranger, Dr Hicham Farid avec l'équipe du Progrès Egyptien
Le secrétaire général de la Coalition des Egyptiens à l’étranger, Dr Hicham Farid avec l'équipe du Progrès Egyptien

Les Egyptiens de la diaspora sont une partie indissociable de l’Egypte. Force est de constater leur attachement à la patrie. Conscient de la valeur et de l’importance de leur patrie-mère, ils œuvrent pour sa défense et sa gloire. Leur rôle c’est surtout affiché après la Révolution du 30 juin lorsqu’ils ont décidé volontairement de défendre l’Egypte dans les médias et de s’aligner sur le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Dr Hicham Farid, en sa qualité de fondateur et de président de l’association « L’Egypte dans notre cœur » et secrétaire général de l’Union des Egyptiens à l’étranger a accordé une interview exclusive au Progrès Egyptien afin de mettre en relief le rôle des Egyptiens de la diaspora, leurs attentes et leur souhait.

Le Salon du Progrès Egyptien : Dr Hicham Farid vous porter plusieurs casques. Pouvez-vous les présenter aux lecteurs ?

Dr Hicham Farid : Je suis le PDG d’une entreprise hollandaise spécialisée dans le domaine de l’agriculture biologique, je suis un expert d’agriculture biologique et de développement durable. J’ai de même fondé et présidé l’association « L’Egypte dans notre cœur » en Hollande. Et, j’ai insisté à ce que le mot « cœur » reste au singulier, parce que si on utilise le mot « cœurs » au pluriel, cela signifie que nous sommes divisés. Quant à un seul cœur, c’est l’unité. Cette association vise à servir les intérêts des Egyptiens à l’étranger, ou pour être plus précis en Hollande. Nous avons commencé dans le but d’aider les Egyptiens à s’intégrer dans la société hollandaise et évidemment, cela a permis de régler des problèmes que ce soit en Hollande ou en Egypte tant que nous pouvons le faire. Puis, le contexte politique a changé en Europe, alors, j’ai fondé la coalition des Egyptiens en Europe et j’ai l’honneur d’être le secrétaire général de ladite coalition. Cette coalition a créé un lien avec les Egyptiens de la diaspora en Europe entière et récemment nous avons également établi des ponts de communications avec les Egyptiens du Proche-Orient comme au Soudan, en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe. Nous avons également des contacts avec le Canada et l’Amérique, mais nous ne voulons pas quelque chose d’universel car cela ne sera pas possible.

Le S. P. E : Ces liens de communication entre les Egyptiens à l’étranger desservent certainement des objectifs bénins ?

Dr Hicham Farid : C’est surtout une communication bénigne et cela s’est révélé après la Révolution du 30 juin 2013, lorsque le Président Al-Sissi part à l’étranger, les Egyptiens de la diaspora l’accueillent de manière chaleureuse et ils se sont alignés sur lui lors de ses visites en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne. Après la Révolution du 30 juin, chacun parmi nous a pris tant qu’il le peut dans son pays d’accueil pour expliquer la réalité, nous nous sommes adressés au Parlement européen et nous lui avons expliqué que c’est une révolution et non un coup d’Etat. A l’époque, lorsque le président Al-Sissi est parti en Allemagne. Tout le gouvernement allemand était contre le Chef de l’Etat, à l’époque, la chancelière allemande était la seule qui l’a reçu. Et, je me rappelle également que la sécurisation du Président n’était pas suffisante, mais le Président Al-Sissi était très courageux et il a laissé sa voiture et il a salué les gens. Pourtant, les instructions sécuritaires étaient contre cela, mais il a veillé à saluer les gens en personne, sans peur, ni crainte. Ce n’est pas un acte simple surtout après la Révolution du 30 Juin, la lutte contre le terrorisme. Cela n'a pas empêché le Président d’aller à la rencontre des Egyptiens. Suite à cela et à la demande de certains égyptiens de l’étranger, le Chef de l’Etat a accepté de créer un ministère qui représente la diaspora égyptienne. D’où est né : le ministère de l’Immigration et des Egyptiens à l’étranger.

Je dois ajouter que j’ai eu la chance de rencontrer le Président Al-Sissi avant qu’il ne soit président de la république et à l’époque, il m’a dit : « Qu’il faut mettre en place des canaux de communication avec les Egyptiens à l’étranger ». Il l’a fait. C’est un homme qui sait tenir sa parole et transformer ses mots en acte et je suis sûr qu’il va chercher à profiter davantage de l’expertise des Egyptiens à l’étranger.

Le S. P. E : Pouvez-vous nous parler davantage du rôle des Egyptiens à l’étranger ?

Dr Hicham Farid : Le rôle des Egyptiens a commencé avant l’existence d’un ministère. En tant qu’Egyptiens à l’étranger, nous avons assumé notre rôle de manière volontaire et sans directives de nul.  A l’époque, avant le 30 juin, nous avions senti : nous sommes en train de perdre notre Egypte, même si nous avons pris la décision d’immigrer, elle reste notre patrie. J’insiste aussi que nous n’étions pas en contact avec les organes de l’Etat égyptien, nul ne nous a demandé cette mobilisation, nous avons agi poussé par un sentiment de patriotisme. Nul ne m’a demandé d’aller de la Hollande, en France, puis en Allemagne. C’était un choix personnel pour sauver notre patrie. A cette époque, c’était le fruit de coordination individuelle entre les Egyptiens européens. Je ne suis pas très favorable à la création d’un ministère de l’Immigration et des Egyptiens à l’étranger car à l’origine c’était un secteur dans le ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration sous le président Moubarak. Je trouve que cela était meilleur. Je trouve aussi que le ministère de l’Immigration n’a pas fait assez d’efforts pour bénéficier de ce que les Egyptiens de la diaspora peuvent faire. L’objectif de la création du ministère était d’unifier les Egyptiens et de bénéficier de leur expertise. A titre d’exemple, les Egyptiens en Europe dispose de plus de 170 milliards de dollars d’épargne, cette somme aurait pu être exploitée. Après la révolution, ces fonds auraient pu être exploités d’autant plus que les investisseurs étrangers étaient inquiets : la feuille de route n’avait pas été complètement appliquée à l’époque et l’atmosphère n’était pas propice aux investissements, cela a changé maintenant évidemment. Mais, le ministère aurait pu exploiter l’argent des Egyptiens à l’étranger à cette phase difficile. J’aimerais ajouter que grâce à la feuille de la route, les investisseurs ont pu avoir confiance dans l’économie égyptienne. Aujourd’hui, l’Egypte peut s’adresser à des instances mondiales afin d’améliorer sa situation économique à l’instar de sa coopération avec la Banque Mondiale. En effet, la Banque d’Europe est très enthousiaste d’investir en Egypte et c’est pour cette raison qu’elle a ouvert une antenne en Egypte. Je recommande de faciliter davantage les procédures notamment de mise en place d’usines pour attirer plus d’investisseurs. 

Le S.P.E : Beaucoup de jeunes s’imaginent que la vie à l’étranger est facile et que l’immigration est un eldorado. Qu’en dites-vous ?

Dr Hicham Farid : Partir à l’étranger n’est pas une chose facile. On ne laisse pas seulement sa patrie, mais sa famille. Immigrer ce sont toutes les occasions manquées et qu’on ne pourra pas vivre à l’étranger. La vie en Europe n’est pas facile, il est vrai qu’il y a beaucoup de liberté. Mais, aussi, pour y réussir, il faut le faire par le travail, le sacrifice et l’abandon de la vie sociale. Car, quand on laisse la grande famille ici, il n’y a pas vraiment de vie sociale là-bas. On travaille toute la journée et il y a seulement le week-end pour se reposer. Dans les dernières années, les différentes associations d’Egyptiens à l’étranger ont pris à leur responsabilité la décision d’organiser des rencontres ou des soirées pour les fêtes ou le mois de Ramadan. Je dis surtout aux jeunes que la vie en Europe n’est pas un paradis et qu’il faut beaucoup travailler et sacrifier pour réussir. Et je vous assure qu’on ne connaît que la vraie valeur de la patrie qu’après l’immigration.    

Le S.P.E : Y a-t-il une coopération entre l’Egypte et la Hollande ? Pouvez-vous jouer un rôle dans ce sens ?  

Dr Hicham Farid : Il y a maintenant des mesures de coordination entre l’Egypte et la Hollande. En effet, il y a ces jours une délégation hollandaise qui arriverait au Caire et je vous assure qu’il y aura davantage de coopération dans le domaine de l’enseignement et des investissements.

 

 

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